Muse d'Avril : Portrait de Beya Gille Gacha, sculptrice


Bonjour Beya, raconte-nous ton histoire...

Beya Gille GachaPrésente-toi en quelques mots

Je m’appelle Beya Gille Gacha. J’ai 30 ans et je suis une artiste multidisciplinaire, qui travaille majoritairement la sculpture anthropomorphe, mais je crée aussi des installations, des peintures, des vidéos...
Je suis née et j’ai grandi à Paris, dans une famille multiculturelle, mon père étant français, ma mère camerounaise. Cette dernière avait 7 sœurs et 4 frères, ce qui m’a donné la chance d’évoluer avec une bande de cousin-es avec qui nos relations sont très fortes, fraternelles. J’ai aussi des demis-frères et sœurs plus âgé-es, issu-es du 1er mariage de mon père, qui sont franco-vietnamiens.

Parle-nous de ton enfance

Pour ma part, j’ai été une enfant plutôt étrange pendant longtemps ! Et j’avoue ne pas avoir beaucoup de souvenirs de mon enfance, juste quelques bribes... Je vivais dans un monde alternatif et j’avais une peur panique des adultes ! J’ai toujours beaucoup observé le monde qui m’entoure en me questionnant sur le pourquoi de tant d’injustices et de souffrances, de si peu d’empathie, d’harmonie, de lumière. Aujourd’hui, ce sont dans mes créations que j’exprime ce que je ressens du monde.

Partage-nous ta passion...

Comment est né ton intérêt pour la sculpture ?

Mon intérêt pour la sculpture est né tardivement. C’est après le lycée je pense, que j’ai remarqué que mon imagination construisait davantage en volume. Comme je suis en constante introspection, ce qui équivaut pour moi à de la recherche, je me suis rendue compte un jour que je voulais créer des doubles des gens du quotidien qui me fascinaient, qui m’inspiraient par leur histoire, leur caractère, leur aura, ... ce que je voyais en eux de magnifique, d’épique. Je vois les gens pour leur beauté, et ai toujours trouvé le monde malade de choisir de voir ce qui nous sépare plutôt que ce qui nous connecte.

 

Quelles sont les thématiques et engagements au cœur de tes sculptures ?

Je travaille essentiellement sur la valorisation des vivants. Je parle des vivants car je suis également très concernée par la préservation de l’environnement, et j’estime que les questionnements sociétaux et écologiques sont liés par essence. Lorsque je travaille par exemple sur la femme, il y a très souvent un parallèle avec elle en tant que métaphore de la nature.

Je crée des allégories au final et mon travail a toujours plusieurs niveaux de lectures. Il y a un fil qui lie toutes mes pièces, et qui tient de la spiritualité. C’est la recherche de transcendance, les histoires de métamorphose, qui me guident.
Par ailleurs, je considère vraiment que mes pièces sont à l’intersection entre l’objet d’art et l’objet magique. Les doubles des modèles 
que je réalise sont liés à eux, emprisonnent leurs peurs ou imposent leur grandeur. Je peux ne pas vendre une pièce si je sais que l’environnement qu’on lui propose n’est pas celui qui continuera à la nourrir. Quand on parle des objets rituels et anciens qui ont été spoliés et détournés en objets d’exposition, cela me touche intrinsèquement... L’art a commencé avec le chamanisme dans des grottes pariétales... Mystique et création ont toujours fonctionné de pair.

Parlons peu, parlons muses...

Quelle muse sculptrice t’inspire ? Pourquoi ?

la valse - camille claudelIl y a plusieurs muses sculptrices qui m’inspirent ! Mais je n’en citerai que deux : Camille Claudel et Augusta Savage. Camille Claudel fut ma 1ère rencontre.
Jeune, je me retrouvais dans son histoire de souffrance, d’incompréhension, et son travail me bouleversait. Il y a d’elle dans mon travail personnel. Et encore plus dans une pièce que je suis en train de réaliser !

 

augusta savage
Augusta Savage, je l’ai rencontrée plus tard, et pareillement, j’ai ressenti comme un écho envers cette grande artiste, qui a dû se battre pour faire vivre son art en tant qu’afro-américaine à l’époque de la ségrégation. Elle finit par être elle aussi invisibilisée, puis adoubée des décennies après sa mort.

En quoi Frida Kahlo est une muse pour toi ? 

Frida Kahlo ! Il y a beaucoup à dire...
Frida Kahlo est un concentré de résilience, de métamorphose et de puissance !
J’ai particulièrement adoré la lettre qu’elle écrit à Nickolas Murray lorsqu’elle est coincée à Paris, où elle vilipende sans mâcher ses mots les artistes parisiens, les surréalistes. Cette liberté et cette puissance à être soi, farouchement, intraitable, font d’elle plus qu’une muse pour moi, elle devient une figure tutélaire !

Beya Gille Gacha x Maison Bonnemuse

Qu’est-ce qui te plait dans notre marque ?

Ce qui me plait chez Maison Bonnemuse, c’est d’abord la vision éco-responsable quant à la mode qu’elle incarne. Il est en effet si compliqué de faire repenser sa consommation aux individus. L’industrie textile, comme beaucoup d’autres, est un gouffre écologique et sociétal. Les achats compulsifs sont par ailleurs souvent révélateurs de troubles intérieurs. On ne regarde pas ce qu’on achète, quelles mains ont produit le vêtement que l’on souhaite porter, parfois qu’une ou deux fois, quels matériaux ont été utilisés et ce qu’ils coûtent à la terre. C’est terrible... Proposer à travers un habit iconique de repenser sa manière d’appréhender ses comportements tout en continuant d’apprécier le beau, c’est un sacré challenge et un fort engagement. J’adore !

Qu’est-ce qui te plait dans les combinaisons ?

Personnellement je n’aime pas prendre du temps pour choisir des habits ou me préparer. J’ai d’ailleurs adoré le retour des combinaisons il y a quelques années car elles sont vites enfilées, très faciles à assortir, et donnent une élégance certaine.

Pourquoi as-tu accepté d’être une Muse du Mois ?

J’ai accepté d’être une Muse du Mois car je ne crois pas au hasard mais plus aux lois de l’attraction et de la sérendipité : au moment où la Fondatrice me contacte, je revenais moi-même de la première étape d’une pièce pour laquelle je manipulais des habits. C’est une pièce sur la place que l’on prend au monde et sur l’abandon dont on doit faire preuve pour sauver l’ensemble, le Vivant.
Aussi, c’était un honneur d’être invitée par un colibri à participer à sa tache ! Peut- être un jour tous les colibris ensemble parviendront à éteindre le gargantuesque feu de forêt dans lequel nous sommes pris !

Transporte-nous dans ton rêve...

Quel est ton rêve le plus fou ?

Mon rêve le plus fou... je ne sais pas quoi dire, j’en ai trop ! Pour ce qui est de mon ressort : réussir à changer en moi-même ce qu’il faut pour devenir l’humain que je veux être au monde.

Si tu avais un message à faire passer à celles et ceux qui ont peur de se lancer et concrétiser leur rêve : lequel serait-il ?

C’est normal d’avoir peur de se lancer... mais la peur de l’échec est le seul moyen d’échouer.

Petite recette :
  • Isolez-vous,
  • Définissez bien vos rêves,
  • Pensez à ce que vous aimeriez voir de votre passé lorsque vous serez âgés,
  • Nourrissez-vous de tout ce qui peut vous donner du courage,
  • Fermez-les yeux
  • Et sautez dans le feu de vos rêves !


1 commentaire


  • TRopea yVeline

    Très belle idée
    Superbe artiste Superbe Muse


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